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Les muses de l'orée
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13 août 2009

Les lucioles 6.12

XII.

 

 

 

Lorsque je pénétrai dans le wagon je fus prise d’un sentiment de nostalgie profond, comme si je m’introduisais dans le monde d’un roman lu sans plus très bien m’en rappeler par la suite. Un monde susceptible d’être visualisé en moi-même mais autrement que par le souvenir d’une expérience vécue et que j’aurais su faire mien le temps d’une lecture. Puis déposé dans les méandres et les mécanismes complexes de la mémoire. D’où il ressurgissait pour se faire réel. Là des Philéas Fogg et autres gentlemen et ladies s’entretenaient en prenant le thé dans des tasses en porcelaine de Chine sur tous les tours du monde envisageables à l’époque contemporaine et tous les autres qu’il restait à fantasmer et à écrire. J’aimais ce raffinement désuet et courtois, cette sensation que de chaque parole échangée dans un vieil anglais devenu purement littéraire aujourd’hui allait naître une trouvaille merveilleuse et scientifique, poétique par la portée universelle et grandiose de tous les possibles à offrir après tant d’abstractions et de rigueurs mathématiques et cérébrales... Un télescope, une roue à aube, une horloge à balancier aux mécaniques alambiquées, une élégie sonore et tridimensionnelle, un cerf-volant cosmique, un nouveau système de vol antigravitationnel à l’état expérimental. Et pourquoi pas la Lune ?

 

Une intonation bienveillante me héla.

« C’est toi ?

- Sophie ! »

Comment avais-je pu ne pas en être certaine !

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